Hippocrate sans frontières : soigner en terre étrangère au XIXe siècle
Les médecins étrangers ou diplômés à l'étranger sont aujourd'hui au coeur d'intenses débats. Ils portent les espoirs d'un remède aux déserts médicaux tout en étant régulièrement soupçonnés d'une compétence moindre. Ces débats n'ont rien de nouveau, non plus que la circulation des soignants, attestée dès l'Antiquité, pour se former ou exercer. Dans cette histoire, le XIXe siècle marque un tournant : soigner « en terre étrangère » s'organise désormais dans des cadres nouveaux, ceux de l'industrialisation, de circulations intra et intercontinentales toujours plus intenses, de l'institutionnalisation des savoirs et surtout de l'importance accrue du phénomène national dans la constitution des identités individuelles et étatiques.
Ces hommes et ces femmes, plus rares, parcourent les terres étrangères, se confrontant aux savoirs et aux pratiques médicales sur de nouveaux terrains, à la suite des armées, des impérialismes ou lors de missions scientifiques. Le XIXe siècle voit la mise en place de réglementations sur les critères d'admission à l'exercice médical, tandis que se définissent les corps médicaux nationaux. Les médecins étrangers ou diplômés à l'étranger y jouent un rôle majeur, constituant ex nihilo un corps médical dans un pays neuf, renforçant les élites médicales, ou questionnant, par leur présence, les critères du « bon médecin ». D'hier à aujourd'hui, Hippocrate sans frontières interroge nos conceptions des territoires savants et des pratiques professionnelles.
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