Arsène Lupin : la transparence du masque

Les Aventures d'Arsène Lupin de Maurice Leblanc, une lecture réduite à une évasion, un divertissement en marge de l'existence ?

Le lecteur, en fait, dépasse rapidement le «plaisir préliminaire» procuré par la séduction formelle de l'œuvre et la découverte d'un homme qui a placé sa vie sous le signe des simulacres et des identités multiples.

Ce qui aurait pu être une simple rencontre avec un personnage, donne lieu à une réflexion sur la problématique du masque et sur la dialectique de l'Etre et du Paraître qui en découle. Le masque, objet de transparente opacité, révèle ce qu'il est supposé cacher et dé-voile une vérité absente-présente sous nos yeux.

Le lecteur, à son insu, s'installe dans une lecture-prétexte, propice à une rencontre inattendue avec le sujet qui habite le texte en creux : lui-même. Le temps d'une lecture, il libère ses désirs barrés et se réconcilie avec ses pulsions les plus secrètes en s'identifiant à ce héros au-dessus des contingences. Il met en veilleuse l'axiologie qui gouverne habituellement sa vie, et se laisse aller à une levée partielle et ponctuelle des inhibitions qui le brident dans sa vie quotidienne.

Les aventures d'un homme ne se ramèneraient-elles pas, en définitive, à l'Aventure de... l'Homme ?