Reusser : le cinéma à l'essai

Reusser, le cinéma à l'essai

Quand Francis Reusser réalise en 1975 Le Grand Soir (Grand Prix à Locarno et à Hyères), il s'empare des écritures cinématographiques forgées par les nouvelles vagues et interroge la progressive déliquescence des idéaux de Mai 68. À 34 ans, le cinéaste né à Vevey en 1942, décédé en 2020 à Bex, fils de bistrotier, orphelin de mère et de père à 13 ans, impose un geste de création auquel il avait donné un premier élan neuf ans plus tôt avec Vive la mort, manifeste libertaire d'une généreuse lucidité quant à la marche du monde. En 1981, Seuls marque l'accomplissement d'une trajectoire mettant à la question la création dans ses entrelacs avec l'amour. Les années 80 révèlent un autre mouvement dans le travail de Francis Reusser, qui dit son attachement au Pays de Vaud au centre duquel Ramuz inspira des films tels Derborence en 1985 (sélection au Festival de Cannes) ou La Guerre dans le Haut Pays en 1999 (sélection Festival de Berlin). Francis Reusser est aussi un essayiste au travers de films souvent courts et portés par des textes et une voix intenses.