Pontiques. Ibis
Ovide (43 av. - 18 ap. JC.)
Pontiques. Ibis.
Plusieurs ont cherché la gloire dans la culture des arts ; moi, malheureux, j'ai trouvé ma perte dans mon propre talent.
Souvent une faute grave est pardonnée à la prière d'un ami ; pour moi l'amitié fut sans voix. C'est pour d'autres un soulagement d'être présents à leurs malheurs : et moi j'étais absent, quand a éclaté l'orage qui a écrasé cette tête. Qui ne redouterait la colère de César, même quand elle se tait ? des paroles terribles ont augmenté mes tourments. Une saison propice rend moins pénible le chemin de l'exil ; et moi, je fus jeté sur une mer orageuse. La fidélité de mes compagnons pouvait adoucir mon malheur ; une troupe perfide s'est enrichie de mes dépouilles.
Mais qu'importe, pourvu que tu aies conservé quelque souci de moi. Tu le dois à cette intimité qui nous unit depuis si longtemps, à mon épouse qui ne t'est pas étrangère, à ces études dont tu n'as pas abusé comme moi ; plus sage, tu n'as pas fait un Art coupable. Ta muse continue l'oeuvre de l'immortel Homère, elle achève le récit des malheurs d'Ilion. Et l'imprudent Ovide, qui enseigna l'Art d'aimer, reçoit aujourd'hui le triste salaire de ses leçons.
Largeur : 14.0 cm
Epaisseur : 1.1 cm