J'étais du bataillon des enfants perdus
J'étais du bataillon des enfants perdus
« Rester, faire que rien ne change, esquiver la menace que l'étrange entité semblait faire planer au-dessus de ma tête, je n'ai rien fait d'autre que cela : vivre sans réaliser que j'étais en état de survie, érigeant l'aménité en forme de résistance passive, accumulant jour après jour les signes que je n'allais pas retourner à la maison-mère. Au terminus des enfants perdus. »
Le narrateur a quelques mois lorsqu'il arrive chez Angeline et Christian Chapelle. Elle est assistante maternelle, il est cheminot et ils ont déjà eu quatre enfants ensemble. Accueillir celui qui leur est confié, c'est avant tout un travail et le nourrisson pourrait très bien ne pas rester. Mieux vaut ne pas trop s'attacher.
Mais les années passent, les liens se tissent, et chacun conjure comme il le peut la hantise de ce possible départ. Et jour après jour, l'enfant gagne des parents. Peut-être même va-t-il les amener à vivre une deuxième vie, au risque d'en payer le prix fort.
Au fil de ce récit, l'auteur reconstitue l'espace mental de l'enfant placé qu'il a été et décrypte les ressorts de la relation qu'il a nouée avec sa famille d'accueil. Il se fait aussi le chroniqueur de ces familles modestes sur lesquelles la société fait reposer une grande partie de l'aide sociale à l'enfance. À partir d'une expérience personnelle - de celles que l'on a tant de mal, tous, à partager -, il donne à voir un fait social total encore largement situé sous les radars des médias, et de nos consciences.
Largeur : 14.0 cm
Epaisseur : 1.2 cm