Perspective, n° 2 (2024). Corps extrêmes
Corps extrêmes
Longtemps considérée comme l'expression d'un idéal esthétique par l'histoire de l'art, la représentation du corps humain est aujourd'hui comprise grâce aux sciences humaines et sociales comme un instrument normatif qui révèle aussi des choix politiques, des critères sociaux, des canons artistiques. S'intéresser aux images de corps extrêmes, c'est choisir d'aborder le problème de la norme par ce qui l'excède, la subvertit et la façonne à la fois : qu'est-ce qu'un corps hors norme, un corps limite ? Les corps perçus comme parfaits ne sont-ils pas eux-mêmes, à leur manière, extrêmes ? Fidèle à sa focale historiographique, Perspective fait le point sur le sujet en réunissant des contributions de chercheurs et chercheuses qui étudient, de la théorie des proportions à la tératologie, quelques-uns des corps extrêmes les plus significatifs de l'histoire de l'art.
D'abord connue sous le titre de Knollenman [Homme bulbeux], cette feuille présente l'une des plus grandes figures jamais produites à partir d'une seule plaque gravée. Les veines saillantes et les muscles en surcroît façonnent le corps disproportionné, extrême, du seul héros humain ayant obtenu l'immortalité parmi les dieux grecs : un Heraclès-Hercule monumental, serrant sa massue, vêtu de sa peau de lion et flanqué de scènes relatant ses travaux héroïques. Quel sujet plus approprié, pour un artiste tel que Hendrik Goltzius, qui souhaite démontrer la virtuosité de son burin, incarner ses puissants exploits artistiques et déclarer le triomphe de son art ?
Largeur : 20.0 cm
Epaisseur : 1.6 cm