Le hasard et la nécessité
« En Occident, le "hasard" est un être mythologique avant de devenir un concept philosophique. Si le mot vient de l'arabe az-zahr (dé ou jeu de dés), les équivalents grec, Tukhê, et romain, Fortuna, renvoient d'abord à des divinités. Au terme d'un processus de laïcisation, Tukhê en viendra à nommer en grec, dès le Ve siècle, "l'événement dû au hasard", que cet événement soit heureux ou malheureux. Quant au mot latin fortuna, il sera à la Renaissance destiné à jouer un rôle central dans la théorie de l'action comme en philosophie politique et signifie, avec une ambiguïté tout à fait caractéristique, "indistinctement le hasard, la nécessité ou le destin et la Providence". Longtemps, le concept reste marqué par cette origine mythologique et suggère l'existence d'une vertu ou d'une force mystérieuse - échappant autant à notre volonté de maîtrise qu'à notre ambition de comprendre - qui régit une partie du cours du monde (naturel et humain). En définitive, plus cette vertu ou cette force semble manifester un plan, une intention d'ensemble qui favorise ou, au contraire, contrecarre nos projets, plus le hasard se confondra avec le destin ou la Providence. S'agit-il pour autant de s'agenouiller devant ce "fleuve impétueux" qui emporte tout sur son passage, de "se laisser gouverner par le sort" ? »
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