Brigitte Marionneau
Si elle parle d'un « travail avec l'idée de territoire, le paysage, la ligne d'horizon » - à quoi s'ajoutent art et architecture -, il faut certainement entendre « travail » au sens d'enfantement : la création consiste à faire accéder au visible ce qui provient du « lointain intérieur » (Henri Michaux). Dans son Éloge de la main, le philosophe Jean-Philippe Pierron avance à ce propos que « le travail est un art d'être en prise avec les matières mobilisant son onirisme personnel », ce « dépôt géologique » dont parle Brigitte Marionneau, où le monde s'est déposé, intériorisé, devenant singulier et propre à l'artiste. Le labeur artistique est expérience médiumnique, qui fait remonter ce chaos d'images, de souvenirs et d'impressions des profondeurs de l'être jusque dans la matière. L'artiste n'exprime pas une idée, un propos, une conviction - mais ce qui l'habite et la traverse.
When she talks about « working with the concept of territory, landscape and the horizon » - to which both art and architecture are added - « work » should really be understood in the sense of childbirth : creating consists in allowing what comes from the « distant interior » (Henri Michaux) to become visible. In Éloge de la main (Praise of the Hand), philosopher Jean Philippe Pierron suggests that « work is the art of engaging with materials that call forth one's personal imagination, » this « geological deposit » of which Brigitte Marionneau speaks, where the world has settled, internalized, and turned singular and specific to the artist. An artist's labor is a mediumistic experience. It brings out a chaos of images, memories and impressions from the depths of our being into the material. It is not about expressing an idea, a statement, or a belief. It is about what lives inside, what runs through the artist.
Mikaël Faujour
Largeur : 24.0 cm
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